Le corps ne prévient pas toujours avant de tirer la sonnette d’alarme. À peine les valises posées, les paupières s’alourdissent, la tête tambourine, la motivation s’évapore. Les vacances, censées régénérer, déclenchent parfois un épuisement difficile à ignorer.
Fatigue en vacances : un paradoxe plus courant qu’on ne le pense
La fatigue pendant les vacances s’invite plus souvent qu’on ne l’imagine. Chaque année, les récits affluent : ce sentiment de lassitude alors même que le repos est au programme. Les travaux des psychologues néerlandais Vingerhoets ont mis un nom sur ce phénomène : le syndrome des loisirs. Selon eux, notre organisme peine à encaisser le passage soudain d’une routine effrénée à des journées censées être tranquilles. Le contraste, parfois trop brutal, secoue notre équilibre interne. L’équation est simple : plus le quotidien est tendu, plus l’accalmie paraît difficile à digérer.
Comment expliquer ce décalage ? Dès que la pression professionnelle retombe, le corps réagit. Le stress accumulé ne disparaît pas d’un claquement de doigts : il laisse souvent des traces. Migraines, troubles digestifs, irritabilité… Les symptômes physiques surgissent au moment où l’on s’y attend le moins. D’après les chercheurs, cette « maladie des vacances », ou « leisure sickness », touche surtout celles et ceux qui ont du mal à lever le pied.
Le problème ne vient pas seulement de l’organisme. Les attentes sociales façonnent aussi notre rapport aux congés. Profiter, réussir ses vacances, optimiser chaque instant : la pression s’invite jusque dans le repos, et la détente promise se transforme parfois en nouvelle épreuve. Entre l’idéal projeté et la réalité, la marche est haute. Résultat : au retour, l’épuisement domine, parfois doublé d’une déception tenace.
Pourquoi le repos ne suffit-il pas toujours à recharger nos batteries ?
Arrêter de travailler ne garantit pas une récupération express. Le psychiatre Philippe Aïm, invité sur France Inter, rappelle que notre corps et notre esprit n’effacent pas des mois de stress et de tension en quelques jours. Dormir davantage ou prendre ses distances avec le travail peut soulager, mais l’usure s’incruste.
Plusieurs mécanismes expliquent cette inertie. Le syndrome de la maladie des vacances, analysé dans la revue Psychotherapy and Psychosomatics, révèle une réaction paradoxale : au lieu de se détendre, l’organisme « lâche » subitement, révélant des symptômes physiques longtemps contenus. Douleurs musculaires, troubles digestifs, maux de tête, sensation de malaise : le corps profite de l’accalmie pour exprimer tout ce qu’il a encaissé.
Voici les principaux facteurs qui entravent la récupération :
- La dette de sommeil s’accumule sur la durée, et ne s’efface pas d’un trait avec une ou deux nuits prolongées.
- Le mental, de son côté, reste souvent en mode « alerte » longtemps après l’arrêt du travail.
Prendre le temps de s’adapter à ce nouveau rythme s’avère indispensable, selon les spécialistes. Entre un agenda chargé, des sollicitations multiples et l’envie de « rentabiliser » ses vacances, il devient difficile de s’accorder une vraie pause. Le corps, lui, rappelle à l’ordre : fatigue tenace, sensation de « burn out » même loin du bureau.
Face à ce malaise, nombreux sont ceux qui finissent par consulter un professionnel de santé. Les spécialistes du sommeil et du stress le constatent : la période post-vacances voit affluer les consultations, preuve que le phénomène n’a rien d’anecdotique.
Reconnaître les signes de la fatigue post-vacances
La fatigue post-vacances ne frappe pas toujours à grand bruit. Elle s’installe en douceur, presque insidieusement, au moment où l’on croit avoir retrouvé son énergie. Les symptômes diffèrent d’une personne à l’autre : douleurs musculaires diffuses, migraines persistantes, troubles digestifs. Plutôt que de se sentir régénéré, on se découvre vidé, parfois irritable ou incapable de se concentrer.
Les psychologues Ad Vingerhoets et Maaike van Huijgevoort ont étudié ce qu’ils appellent la maladie des loisirs. Le phénomène ne cesse de gagner du terrain chez les actifs : maux de tête, lourdeurs, troubles digestifs, mais aussi lassitude ou difficulté à reprendre le fil du quotidien. La littérature médicale, notamment la revue Psychotherapy and Psychosomatics, recense ces symptômes physiques qui surgissent parfois dès les premiers jours d’arrêt.
Voici les signes à surveiller durant cette période :
- Migraines qui s’attardent
- Douleurs musculaires sans cause évidente
- Lassitude persistante malgré des nuits complètes
- Troubles digestifs inhabituels
La maladie vacances ne relève pas d’une simple expression. Elle traduit la difficulté du corps à s’ajuster brutalement après une longue période de pression. Les personnes exposées à un stress chronique, ou à des rythmes professionnels intenses, semblent y être davantage sujettes. Ce syndrome matérialise le choc entre l’activité intense du quotidien et la pause, parfois trop soudaine, imposée par les congés.
Des solutions concrètes pour retrouver énergie et sérénité
Rétablir l’accord entre corps et esprit exige de l’écoute et une certaine discipline. Les solutions miracles n’existent pas ; tout commence par le respect des rythmes fondamentaux. Garder des horaires de sommeil réguliers, même en vacances, aide à stabiliser l’horloge interne. Les psychiatres du sommeil, interrogés sur France Inter, insistent : coucher et lever à heures fixes permettent une récupération profonde, alors que les grasses matinées répétées bousculent le cycle naturel.
L’activité physique joue aussi un rôle clé. Pas besoin de viser la performance : une marche quotidienne, quelques étirements ou mouvements doux suffisent à stimuler la circulation et à retrouver une sensation corporelle agréable. L’idée n’est pas de s’épuiser, mais de renouer avec son corps autrement.
L’alimentation, elle, mérite d’être adaptée. Miser sur des repas légers, riches en fibres, légumes de saison, protéines maigres, permet de soutenir la récupération. Limiter les excitants (café, alcool) évite de solliciter inutilement l’organisme et d’alourdir la fatigue. Pour compléter, s’octroyer de vrais moments de pause : lecture, musique, respiration profonde, sans pression de résultat ni obligation de « faire ».
Si les symptômes persistent, consulter un professionnel de santé reste une option à envisager. La maladie vacances ne relève ni du hasard ni d’un simple caprice. Elle invite à repenser la place du travail, du stress, et du repos dans nos existences. Prendre le temps d’apprivoiser les vacances, c’est parfois le premier pas vers un équilibre durable. Et si, cette année, le vrai luxe était d’apprendre à s’arrêter, pour de bon ?

