Tout-petit sur tapis coloré touchant une tablette dans un salon lumineux

Temps passé devant un écran pour les bébés : ce qui est considéré

15 octobre 2025

Un chiffre brutal, sans détour : près d’un bébé sur deux a déjà croisé la lumière bleue d’un écran avant d’avoir soufflé sa première bougie, selon Santé publique France. Les recommandations des sociétés savantes interdisent pourtant toute exposition avant deux ans. Malgré cela, les fabricants rivalisent d’imagination pour séduire les parents de nourrissons avec une avalanche d’applications et de jouets connectés, alors même qu’aucun écran ne se révèle adapté aux moins de 36 mois. Le contraste est saisissant : d’un côté, la science alerte sur les risques ; de l’autre, la réalité du quotidien s’impose et les écarts s’installent, laissant les familles en quête de repères tangibles, parfois inquiètes, souvent démunies.

Comprendre l’impact des écrans sur le développement des tout-petits

Les spécialistes de la petite enfance s’accordent : l’usage des écrans chez les bébés bouleverse les équilibres. Il ne s’agit pas simplement de distraction passagère, mais d’une influence directe sur le développement du cerveau, l’acquisition du langage, la coordination et même la relation aux autres. Une tablette, aussi colorée soit-elle, ne remplace jamais un échange de regards ou un jeu de construction. Pour les moins de deux ans, l’Organisation mondiale de la santé et la Société canadienne de pédiatrie sont catégoriques : zéro écran, point final.

Au cœur du débat se trouve la diversité des expériences sensorielles. Un enfant a besoin de toucher, manipuler, entendre des voix réelles, observer des gestes, s’exprimer sans filtre. Les écrans, eux, uniformisent les stimulations et tendent à couper la relation directe. Un écran ne rend pas la main plus habile, ne développe ni l’imagination, ni l’empathie. La vie familiale s’en ressent : moins de jeux partagés, des moments d’échange qui s’effacent peu à peu.

Voici quelques pistes concrètes pour favoriser un développement harmonieux :

  • Miser sur les activités physiques et les jeux d’imitation, véritables moteurs d’apprentissage.
  • Multiplier les interactions verbales et non-verbales durant la journée, pour renforcer le lien et stimuler le langage.
  • Alterner entre temps calme, jeux libres et découvertes sensorielles variées.

C’est ce foisonnement d’expériences, bien loin des écrans, qui construit les bases solides du développement chez l’enfant en bas âge.

Quels sont les dangers d’une exposition précoce aux écrans ?

S’exposer trop tôt aux écrans, c’est prendre le risque d’altérer le langage, l’attention et même le comportement du tout-petit. Les professionnels de santé sonnent l’alarme : davantage d’écrans, c’est souvent plus de troubles du sommeil, des cycles perturbés, des difficultés à s’endormir. Les images rapides, les sons stridents, la lumière artificielle dérèglent un équilibre fragile.

L’immobilité imposée par l’écran s’installe vite et chasse les activités physiques indispensables à la croissance. Sur le long terme, cela favorise la prise de poids, puis l’obésité. Un mode de vie sédentaire s’installe, parfois dès la première année.

Les conséquences ne s’arrêtent pas là. L’isolement social progresse, tout comme l’anxiété et des signes dépressifs chez certains enfants. Le manque d’échanges réels freine la capacité à comprendre les émotions, à s’ajuster à l’autre. Et l’on sait aujourd’hui que l’addiction aux écrans trouve souvent sa racine dans ces premiers usages non contrôlés.

Les principales conséquences observées sont les suivantes :

  • Retard dans l’acquisition du langage, qui peut se prolonger au-delà de la petite enfance.
  • Difficultés d’attention et interactions sociales réduites.
  • Troubles du sommeil, aggravés par l’utilisation d’écrans en soirée ou avant d’aller au lit.
  • Augmentation des troubles du comportement, comme l’impulsivité ou l’irritabilité.

La prévention, ici, prend tout son sens : limiter le temps d’écran, accompagner l’enfant et privilégier le lien humain constituent la meilleure protection.

Recommandations officielles : combien de temps d’écran selon l’âge de l’enfant ?

Les consignes des organismes de santé sont limpides : avant deux ans, pas d’écran du tout, hormis, à la marge, les appels vidéo pour voir un proche à distance. Ce principe s’applique à tous les supports, que ce soit télévision, tablette ou smartphone. Cette tranche d’âge doit rester dédiée à l’exploration du réel, au jeu, aux échanges et à la découverte du monde par le corps et la parole.

Entre deux et cinq ans, la règle évolue mais le cadre reste strict : une heure maximum par jour, jamais en solitaire. L’adulte reste le garant du choix des contenus, de la durée et du sens donné à ces moments. Il s’agit d’inscrire l’écran dans une dynamique de partage, jamais comme un substitut aux jeux traditionnels, à la promenade, ou à la simple discussion.

Pour clarifier ces seuils, voici les repères communément retenus :

  • Avant 2 ans : écran proscrit, à l’exception de brefs appels vidéo familiaux.
  • De 2 à 5 ans : une heure quotidienne au maximum, toujours accompagné, en veillant à la pertinence du contenu et à l’échange autour de ce qui est regardé.

L’objectif n’est pas de compter les minutes, mais de garantir à l’enfant une vie riche en découvertes, interactions, jeux physiques et temps de repos. Les spécialistes le rappellent : la passivité devant un écran ne pourra jamais remplacer l’apprentissage actif, la spontanéité des conversations ou la joie d’inventer des histoires ensemble.

Des solutions concrètes pour accompagner les parents au quotidien

Gérer la présence des écrans dans la vie d’un tout-petit s’avère souvent compliqué. La tentation est grande de céder à la facilité d’une application apaisante. Mais c’est dans l’organisation du quotidien et la variété des propositions que se joue la différence. Prendre le temps de proposer une promenade, de sortir crayons ou jeux de construction, de raconter une histoire à voix haute… Tous ces gestes éloignent l’enfant d’une exposition passive et favorisent l’éveil.

Pour installer des repères, il est utile d’instaurer des moments sans écran : avant de dormir, pendant les repas, ou à des horaires fixes. Mettre des mots sur cette règle, même à un très jeune âge, aide à ancrer la routine familiale. L’enjeu ne se limite pas à la durée d’exposition, mais concerne tout autant la qualité des contenus choisis et la capacité de l’adulte à accompagner ces temps partagés.

Quelques stratégies simples permettent de faire la différence au quotidien :

  • Aménager un espace dédié aux jeux sans écran, pour encourager la créativité et le mouvement.
  • Participer activement aux activités proposées à l’enfant, renforcer la complicité par la présence réelle.
  • Montrer l’exemple en limitant soi-même l’utilisation du téléphone ou de la tablette devant les jeunes enfants.

Une attention particulière doit aussi être portée à la technoférence : toutes ces interruptions dues à un message reçu ou à une notification qui détourne l’adulte de l’échange avec l’enfant. Prendre le parti de décrocher, littéralement, c’est offrir à l’enfant la pleine disponibilité dont il a besoin pour grandir.

Éteindre l’écran, c’est parfois ouvrir la porte à mille découvertes insoupçonnées. Un geste simple, mais qui, répété, façonne une nouvelle génération : plus curieuse, plus attentive, et sans doute mieux armée pour affronter le monde numérique qui l’attend.

Articles similaires